mardi, octobre 27, 2015

Des lectures à l'Est. -- Conseils orientés 1/2

On m’a demandé il y a peu une liste d’ouvrages orientaux – orientaux dans tous les sens du mot, tout ce qui est à l’Est de la France, mais aussi oriental par les choix de la culture de l’écrivain, on inclue de fait la rive sud de la Méditerranée. J’en ferai deux articles.


Partons de l’Orient le plus extrême, le Japon et l’auteur qui m’a permis (et je ne suis sans doute pas la seule) de connaître son pays : Haruki Murakami. En tant que concepteur de best-sellers, il peut être assez facilement dévalorisé par un certain esprit. C’est toujours comme cela en littérature, plus on vend, plus on est corruptible. Cependant on ne peut pas lui enlever cette capacité à créer un monde propre à lui seul, des mondes loufoques, irréels et pourtant ancrés dans le quotidien le plus matériel. Effectivement on ne peut que remarquer la présence quasi obsessionnelle des détails sur l’hygiène de vie des personnages dans ses romans. Les détails sur les douches, les habits, la nourriture des personnages abondent, tellement qu’ils me restent encore en mémoire. Je me souviens m’être souvent interrogée à ce propos jusqu’à ce que je tombe sur une critique du style de Dostoïevski par Gide, et que celui-ci montre que l’écrivain russe insiste sur les choses matérielles au moment où son histoire taquine le surnaturel, l’inexplicable, l’ambigu.
J’ai lu Kafka sur le rivage, les tomes de 1Q84, quelques titres que j’ai feuilletés à la bibliothèque sans conviction et les magnifiques Chroniques de l’Oiseau-à-ressorts. J’ai adoré le dernier et le premier, j’ai apprécié 1Q84 mais il m’a tout de même un peu dérangé. La lecture de Murakami c’est aussi l’expérience du j’en-ai-marre, on aime lire Murakami, on l’adore, et puis… overdose. Deux ans après cependant, j’ai bien envie de lire What i talk when i talk about running ou encore son dernier en date L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage.
En cherchant la première fois un titre de Murakami, je me suis trompée et j’ai lu Ryû plutôt que Haruki. Lignes. Violent. Lire Ryû en s’attendant à lire Haruki, c’est comme se préparer une tisane aux fruits rouges et se retrouver à boire du maté.
Entre mes lectures de Murakami, j’ai rencontré le Beau japonais, je ne l’ai pas pris sur mes genoux, je ne l’ai pas trouvé amer, non…  le Beau à la japonaise, l’esthétique de cette culture est brillamment illustrée dans  L’Eloge de l’ombre de Tanizaki. Un incontournable.
J’ai aussi lu le livre d’une auteure japonaise, ça parlait d’une femme de la province qui quittait sa terre natale pour avoir un travail et qui se faisait avoir par un ou des hommes et finissait mal, je ne me souviens pas de son titre, ni du nom de l'auteure... 
Le nom de Ryoko Sekiguchi lui, me reste en mémoire. Une auteure entre plusieurs identités. Ce n’est pas un hasard. Intéressant.
Et puis il y a eu La Porte de Natsumé Sôseki, référence que j'ai trouvée chez Murakami justement. 

Il y a eu Ma Jian, pour la Chine, et j’en parle ici. Pressée de lire Ma Tian, relire Gao et le décevoir en lisant Mo Yan. 

J’ai essayé l’Inde avec Les Enfants de Minuit, une idée que je trouve géniale, des pages par-ci par-là magnifiques, mais je n’ai pas eu la force d’achever ma lecture, je retournerai bientôt à Salman Rushdie, il le faut.

Cet Orient extrême qui est pour moi aux antipodes de ce que je suis est l'un des refuges que je trouve quand je suis tout à fait désorientée. J'adore cette perte totale de repères, et la phrase complètement clichéique, lire fait voyager, reprend tout son sens.

Rapprochons-nous mais restons à l’Est : ma rencontre avec Orhan Pamuk a été l’une des plus belles, des plus intenses, des plus éreintantes. La Turquie moderne, ses contradictions, ses héritages, ses idéaux, ses couleurs. J’ai lu Le Musée de l’Innocence, quel drame ! On est emportés dans des tourbillons de souffrance, un ouvrage, une œuvre dans tous les sens du terme, qui se lit et qui se visite. Le Livre noir et Neige attendent toujours sur des étagères. Erreur d’avoir commencé Neige juste après Le Musée, Pamuk a cette chose de Murakami, cette chose des grands écrivains, avoir un univers si particulier, qu'on peut étouffer sous sa beauté... Quel plaisir de retrouver ce qu'a été la Turquie, et toute une communauté, à travers l’écriture d’Elif Shafak, Soufi mon amour, j’en parle .

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