jeudi, octobre 08, 2015

Présent ? -- Jeanne Benameur

Ce livre m'a été conseillé par une de mes profs à l'ESPE. Il est écrit par une ancienne prof de lettres. Alors oui, sans surprise, il parle d'école.

Espoir et désespoir se mêlent et tissent les portraits qui peuplent ce roman. 

Tout y est très subtil, il ne manque rien à l'expérience scolaire, de l'élève en difficulté à la principale. 
Faut être sensible à ce milieu pour aimer, faut être prêt à prendre du recul sur son propre travail quand on appartient à ce milieu. Travail au sens large. 


Il y a quelques années, j'avais assisté à un cours de philosophie où le professeur -un génie au passage - nous avait expliqué de quelle façon l'école avait perdu de son importance et les disciplines de leur complexité, depuis que l'enfant a pris la place du savoir, c'est-à-dire depuis qu'on fait attention au bien-être de l'enfant, à l'enfant en tant qu'individu, plus qu'à la pureté du savoir. J'étais tout à fait d'accord avec lui, -plus maintenant-, je pense en réalité que l'école n'a rien perdu. Au contraire. Elle a gagné une population plus large, elle a gagné du métissage, elle a gagné le peuple et n'est plus cantonnée au rôle de reproductrice des élites. Alors oui, effectivement, une copie de première année de lycée  de nos jours compte plus de fautes qu'une copie de dernière année de primaire des années 50, mais le problème n'est pas du côté de l'élève, il n'est pas du côté du savoir non plus, il est tout simplement du côté d'une institution qui a pris trop de temps pour réagir, et qui a voulu nourrir une trentaine d'individus avec les portions qui remplissaient jusque là seulement une quinzaine d'estomacs. Et surtout elle a hiérarchisé. Les bons et les nuls. Les intellectuels et les manuels. Jugeant les uns supérieurs aux autres, évidemment auréolant les bien-lotis. Sinon, ce ne serait pas drôle. 
Je respecte toujours la pensée de ce professeur qui était magnifiquement étayée, et qui vaut bien plus que la thèse nauséeuse d'un certain professeur au Collège de France- oui, rien que ça - qui beugle que l'Ecole a perdu de sa valeur parce qu'il y a eu féminisation de la profession...  Cependant, je pense que l'école doit se recréer, et ce n'est pas une malédiction.

Ce livre ouvre la voie à une nouvelle définition. Il redonne sens au mot "élève" et aux postes comme CPE, Cio, etc. Tous les déprimés, les dégoûtés qui travaillent pour l'éducation nationale devraient le lire. Mais aussi tous ceux qui débutent.  Il tombe au bon moment pour moi.

Je voulais juste revenir sur une scène tellement poignante où un prof de lettres au bout de tout, ne sachant plus comment tenir sa classe, que lui enseigner, se met à lire un livre à ses élèves, sans aucune forme de procès. 

L'enseignement doit changer. Ce roman, j'y puiserai des idées, c'est pour moi, au-delà de sa poésie et de sa justesse, un de mes outils de travail.

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