dimanche, octobre 04, 2015

L'Hibiscus pourpre -- Chimamanda Ngozie Adichie

Voici la quatrième de couverture du livre que j'ai lu la semaine passée. 







J'avais découvert son auteure à travers son discours sur le danger de l'histoire unique. Il s'agit du problème de l'historiographie qui veut tendre à l'objectivité mais qui tombe nécessairement dans le parti-pris. Il y a écriture, il y a donc voix et subjectivité. Bref, cette femme m'avait fait une telle impression que j'ai eu envie de lire son roman.
Ce n'est que plusieurs années plus tard en en reparlant avec une amie (qui a aimé des terres avant de savoir qu'elle en venait- où le savait-elle inconsciemment ? ) que je me suis dit qu'il était temps.
Temps de découvrir Kambili, la fille d'un homme influent au Nigeria.

Cet homme dirige une multitude d'entreprises, ainsi que sa femme et ses deux enfants, d'une main de fer. Tout est orchestré dans la vie de Kambili, de son frère Jaja et de leur Mama, tout est planifié, et malheur à celui qui osera faire un pas de côté.
Le père n'est qu'un tyran, qui consacre tout à son catholicisme érigé en fanatisme, contre les cultes païens de ses ancêtres, et qui punit quiconque lui désobéit. La Mama est soumise à tous ses délires et Kambili ne pense qu'à travers lui. Une telle situation est irrespirable et ne peut finir que par un drame.

Le "je" du roman n'est que le parcours à peine consenti de son émancipation du joug paternel. 
La question de la tyrannie, du fanatisme, de l'identité tisse la trame de cette histoire.
C'est un livre hautement poétique, des descriptions si intenses, si sensuelles... on touche, on goûte, on renifle, on caresse, on est violenté mais on ne parle que très peu en suivant cette narratrice martyre.
C'est le roman du silence, un silence craintif, observateur puis apaisant.
C'est aussi le roman de la Mama, la Mama qui libère, qui devrait libérer. 

Kambili est-elle une allégorie du Nigeria ? Je ne connais pas assez la situation de ce pays pour me précipiter dans une telle conclusion. Temps de connaitre cette région du monde.
J'adore ce genre de romans qui semblent aux antipodes de votre vie et qui vous convoquent pourtant à votre intimité. 
C'est toujours la même histoire après tout.

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