dimanche, janvier 10, 2016

Ces livres que j'ai commencés -- Brouillons de lecture.

Tu sais bien, tu les connais ces jours où tu n'as simplement pas l'énergie, ni l'envie, ni la patience de lire.


Ma semaine a été une suite de jours sans, malgré mes nombreuses tentatives. Alors ce dimanche, plutôt que de vous parler d'un livre que j'ai terminé, je vais vous parler des livres que je n'ai pas terminés, mais que j'aurais eu plaisir à lire en entier.





J'ai d'abord essayé la Messaouda d'Abdelhak Serhane. Nedjma destituée, une Nedjma prostituée. J'ai vraiment accroché assez rapidement, je suis entrée dans ce monde où tout est sauvage, où sexualité rime avec violence, viol, où les femmes sont soumises à une toute-puissance destructrice, aliénante. Je n'ai pas pu soutenir plus longtemps l'atmosphère suffocante de cet arrière-pays marocain, d'une autre époque, d'une époque que l'on veut savoir le plus loin possible. J'ai détourné le regard. Je suis allée voir ailleurs. J'y reviendrai surement un jour.

M'est tombé entre les, et finalement des, mains, le livre de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants. Je n'en ai lu que deux pages, je veux vraiment lire ce livre pourtant, mais sans vraiment savoir pourquoi : je n'ai pas réussi à entrer dans la première scène proposée. Pour le moment. J'ai entendu parler cette écrivaine sur un plateau, et depuis l'envie de la lire est là. La littérature est une question de temps. J'y reviendrai.

Ensuite, en vain, j'ai tenté de lire Compartiment n° 6, de Rosa Liksom, l'histoire d'un trajet ... je pensais que l'histoire allait m'emporter, une fille dans un train, son trajet raconté d'un point à un autre, qui voyage depuis la Russie jusqu'en Mongolie, coincée dans un compartiment rendu étroit par un  homme horrible, pur produit de la misogynie. Le style de ce livre incarne ce que je disais dans cet article, sa traduction est juste géniale, et laisse deviner un style original fait d'inventivité, d'ingéniosité. Je me suis arrêtée à la moitié, j'appréhende, en réalité, que cette jeune femme, qui ne s'est toujours pas exprimée, ne subisse un sort funeste, j'ai l'impression que plus on avance, plus le piège formé par les mots de son voisin de voyage ne se referme sur elle. On verra plus tard dans l'année.

On m'a offert Si c'est un homme de Primo Lévy, témoignage des camps, livre incontournable. Je l'ai feuilleté, mais une fois encore, anticipant la douleur de ses pages, j'ai reporté à plus tard.

Ah, il y a eu aussi Meursault, contre-enquête dont l'auteur, Kamel Daoud, a reçu le prix Goncourt du premier livre l'an passé. Ce fut ma troisième tentative de le lire. Réponse à Meursault, reponse formulée par le frère de l'Arabe assassiné, réponse d'outre-tombe. Volonté de donner un nom à l'anonyme. C'est en soi le but de toute écriture. Mais il faut croire qu'à l'image de l'Algérie et de la France, je ne suis pas encore prête pour régler quelques comptes...

Puis, mon  dernier essai a été Les désarrois de l'élève törless de Musil... Musil est un des maîtres du roman du XXème. Je ne pourrai pas en dire grand chose n'ayant pu lire qu'une vingtaine de pages de ce roman d'apprentissage. Je le cite aujourd'hui, je ne sais pas si je l'ouvrirai à nouveau. Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de. 


Je parle de ces manqués, de ces livres commencés et non terminés, de ces brouillons de lecture. J'entends les dents crisser, de ceux qui y voient outrage, les maniaques ou autres puristes. Qu'est-ce qu'un texte ? Dois-je terminer un livre nécessairement ? Laissons les thésards ne jamais répondre à ces questions. J'ai pu lire de belles choses, être bouleversée, mais pas la force, pas le temps, pas l'envie de continuer. Du moins pas maintenant. Lecture caprice.



La lecture est affaire de temps. C'est une rencontre. On n'a pas toujours envie de faire des rencontres. Pas de coup de foudre pour moi cette semaine, mais je continue de lorgner les titres de mes voisins du métro, histoire de me mettre l'eau à la bouche. Plaisir des lectures à venir.


Cet article, d'abord comme pense-bête, pour savoir dans quoi me replonger plus tard, mais ensuite comme appel, pour ceux qui les ont lus et veulent en parler, ou encore invitation pour ceux qui voudraient les lire. 

En attendant, j'écoute la musique du monde, et celle de mes disques.

Cette liste de livres, à défaut d'en avoir achevé la lecture, me permet de mettre en avant mes manies de lectrice. On écrit toujours la même chose. On lit toujours la même chose. Pour ma part, monstruosité et espoir se côtoient dans la quête d'une identité certaine. Et vous que lisez-vous ?

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